Innovations : le Japon adoucit le travail
En octobre 2012, quatre salons professionnels se sont tenus au centre d'exposition Makuhari-Messe, l'occasion de découvrir quelques facettes de l'horticulture et des espaces verts nippons.
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Face au vieillissement du salariat horticole, les innovations présentes sur les salons professionnels japonais (Gardex, Extepo, Ifex, Agritech Japan) visent à faciliter le travail physique pour les plus de 65 ans, et à proposer des modes de culture demandant moins d'interventions. Compte tenu des contraintes énergétiques, l'offre en équipements solaires (thermique ou panneaux photovoltaïques) est également importante. La culture hydroponique est en extension ; aux dires des professionnels, elle facilite le travail, réduit les coûts de production et permet une qualité plus régulière. L'ensoleillement étant équivalent à celui de l'Espagne, les serres sont éclairées naturellement et les équipements d'éclairage sont peu présents sur les salons. Les producteurs utilisent de moins en moins d'engrais et jouent principalement sur la température et le taux de CO2. Des prêts subventionnés et des allégements fiscaux sont accordés aux exploitants afin de les aider à réduire l'utilisation d'engrais chimiques et de pesticides de synthèse. Par ailleurs, les producteurs doivent respecter un code de bonnes pratiques d'application des pesticides.
1 AUTOMATISATION MAXIMALE EN PRODUCTION
Au Japon, la taille d'une exploitation horticole se compte en « house » (pour « greenhouse »), c'est-à-dire en serre de 10 sur 30 m. L'exploitation moyenne est de 30 serres. La concentration des serres poussent à automatiser les structures, même si « les producteurs aiment vérifier de visu que les automatismes fonctionnent bien », indiquent les installateurs. L'automatisation, qui optimise la production et réduit la main d'oeuvre, reste néanmoins destinée aux produits à forte valeur ajoutée (fleurs coupées, melon, mangue…). Les principaux paramètres suivis sont la température, l'humidité de l'air et du sol, l'ensoleillement, la pression de l'eau, la consommation en électricité et le taux de CO2.
La société Tech-mo commercialise ainsi WiMos, un réseau de transmission sans fil (maître-esclave et portée d'environ 800 à 1 000 m) avec centralisation des données et paramétrage via Internet.
La société Granpa propose un impressionnant « Air-Dôme Greenhouse », structure gonflable industrielle pour les cultures à croissance rapide. Tout est géré par ordinateur : pH, concentration de l'engrais, température de l'eau, température ambiante… La culture hydroponique repose sur un disque tournant d'environ 30 m de diamètre. La plantation s'effectue dans l'espace central, et la récolte en périphérie. L'espacement des pieds est automatique au fur et à mesure de leur croissance. La société installe un dôme en quinze jours pour un budget de 350 000 euros.
2 PACKAGING DÉTAILLÉ ET SUBSTRATS NOUVELLE GÉNÉRATION EN JARDINAGE AMATEUR
Le packaging des produits japonais fertilisants et agropharmaceutiques est très travaillé, avec beaucoup de couleur et d'explications, pour permettre au consommateur d'associer visuellement le produit avec son besoin. Les nombreux fabricants de terreau proposent une variété impressionnante de mélanges pour amateurs, presque un par culture (pensée, cyclamen…), à des prix relativement bas (2 euros les 14 litres).
La société Engei, leader au Japon, propose un même packaging pour toute la gamme de produits développés pour une plante ou famille de plantes (engrais, traitement fongique, insecticide, herbicide…). Pour une facilité de mise en oeuvre, les associations de matières phytosanitaires sont très courantes (insecticide + herbicide, insecticide + fongique…). Les fiches « produit » donnent beaucoup d'informations pratiques avec schémas et photos à l'appui.
La société Impack commercialise un substrat composite de microbilles de charbon de bois enrobé de céramique poreuse, stérile, léger (densité de 0,6), de pH 5,5 à 6,5, offrant une rétention d'eau d'environ 0,4 l par kg. Baptisé « Only one but coal », ce matériau, source de potassium et de calcium principalement, aurait la capacité d'absorber les formaldéhydes.
La société Genelite présente des substrats enrichis en nanoparticules d'argent (300 ppm à 1 000 ppm) aux propriétés antibactériennes. Les études sont toujours en cours pour connaître le spectre d'action de ces particules, le taux de lessivage et les conséquences pour l'environnement. Des nanoparticules de cuivre et de zinc sont expérimentées pour conserver les plantes et les fleurs ; elles permettraient une conservation de la rose en fleur coupée pendant plus de dix jours.
Sur le salon Ifex consacré à la floriculture, beaucoup de stands exposaient des fleurs stabilisées très appréciées par les Japonais. La société Katsura commercialise une base aqueuse baptisée Garde permettant de conserver très fidèlement la souplesse et le toucher d'une fleur fraîche.
3 GAZON ARTIFICIEL ET TOITURES VÉGÉTALISÉES EN ESPACES VERTS
Le gazon artificiel est très utilisé au Japon, en particulier pour les terrains de sport (deux fois plus coûteux à l'installation, mais dix fois moins coûteux en entretien). Plusieurs fabricants proposaient leurs produits avec un choix important et un grand souci du détail.
La société Asahikoushin a ainsi développé six types de gazon, chacun décliné en plusieurs hauteurs et avec quatre types de dossier (trame sur laquelle est fixé le faux gazon). Certains gazons atteignent 18 900 points au mètre carré.
Au Japon, pour les nouveaux bâtiments possédant plus de 1 000 m2 de toiture, 20 % de cette surface doit être végétalisée. Mais compte tenu des difficultés économiques, les nouveaux projets sont rares actuellement. Différentes techniques de support étaient présentées, basées souvent sur une structure alvéolaire en polypropylène rempli d'un matériau à forte rétention en eau (fibre de coco agglomérée ou matériaux brevetés).
Adrien Bénard, société Anthios
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